Féminin de géniteur : quelle est la forme correcte ?

Acceptez-le ou non, mais le mot « génitrice » existe bel et bien dans la langue française depuis le XIXe siècle. Pourtant, il brille par son absence dans bon nombre de textes officiels ou scientifiques. Certains dictionnaires le revendiquent, tandis que les codes législatifs ou administratifs continuent de l’ignorer. Dans les milieux médicaux et juridiques, « mère biologique » s’impose souvent au détriment du féminin de « géniteur ». L’Académie française n’a jamais validé « génitrice » pour de bon, bien que le terme circule sans complexe dans la littérature et la presse. Résultat : des normes qui s’entrechoquent, des usages qui hésitent, et une incertitude persistante que les instances linguistiques ne tranchent pas.

Le mot « géniteur » : origine, sens et usage actuel

Dès le XIXe siècle, géniteur s’impose dans le vocabulaire français, emprunté directement au latin « genitor », celui qui engendre. En biologie, ce terme désigne avant tout un organisme arrivé à maturité sexuelle et apte à se reproduire. Dans le cas de l’humain, il qualifie le plus souvent le père biologique, à ne pas confondre avec le parent légal ou social. Cette distinction prend tout son sens lors des discussions sur la filiation ou les droits de l’enfant.

Voici quelques exemples concrets pour éclairer la diversité des usages du mot :

  • Le géniteur se trouve à l’origine de la progéniture, sans implication sur l’éducation ou l’affectif.
  • En droit, il se distingue parfois du parent reconnu par le code civil, notamment dans les situations de reconnaissance ou de contestation de paternité.
  • Dans le règne animal, le mot désigne tout reproducteur mâle sélectionné pour la procréation, qu’il s’agisse d’un taureau pour l’élevage ou d’un individu destiné à la reproduction en laboratoire.

Le concept de filiation s’appuie donc sur ce lien biologique entre l’enfant et ses géniteurs. Mais le terme « géniteur » ne se limite pas au monde vivant : il peut aussi s’employer, par extension, pour désigner l’origine ou le créateur d’une idée, d’une lignée ou d’une œuvre intellectuelle. En biologie cellulaire, la cellule mère est même considérée comme la véritable génitrice des cellules filles, témoignant de la souplesse de ce vocabulaire.

Malgré tout, « géniteur » garde une connotation technique et biologique très marquée. Dans les démarches d’état civil ou les procédures de justice familiale, on lui préfère presque toujours « père » ou « parent », des mots chargés de sens et de responsabilités. Que ce soit à Paris ou ailleurs en France, l’usage reste donc limité aux cas où la dimension biologique prend le pas sur l’affectif ou le rôle éducatif.

Féminin de géniteur : existe-t-il une forme correcte et reconnue ?

La question du féminin de « géniteur » fait débat depuis des décennies. Face à l’omniprésence du masculin dans la loi, la littérature spécialisée ou les discussions bioéthiques, une interrogation revient : quelle forme employer pour désigner la mère biologique dans un contexte neutre, où l’affectif n’entre pas en jeu ?

Le mot « génitrice » s’installe comme la version féminine de « géniteur ». Il figure dans plusieurs dictionnaires de référence et sert à nommer la femme qui donne naissance à un enfant, sans préjuger de son implication parentale. Le Trésor de la langue française la définit comme la femme à l’origine biologique de la progéniture. L’organisation juridique française précise aussi ce point : « génitrice » renvoie à la mère biologique, tandis que la mère adoptive ou sociale occupe une autre place dans le droit.

Dans les textes du code civil, la filiation maternelle s’établit par l’accouchement, qui fait foi à la fois sur le plan médical et sur le plan légal. En biologie, le mot s’applique à la « cellule mère » d’un clone, ou à la femelle reproductrice chez les animaux. Pourtant, « génitrice » reste rare dans la conversation courante, le mot étant bien souvent supplanté par « mère », dont la charge émotionnelle est forte.

Quelques repères pour s’y retrouver dans les usages :

  • La génitrice est, par définition, une femme, mais toutes les mères ne sont pas pour autant génitrices sur le plan biologique (par exemple, une mère adoptive).
  • Le féminin de géniteur se retrouve dans les textes scientifiques, juridiques et médicaux, où la précision l’emporte sur la dimension affective.
  • Dans les débats sur la PMA ou la GPA, la nuance entre génitrice et mère sociale devient un enjeu central pour la compréhension des situations.

Quand employer « génitrice » et dans quels contextes l’éviter ?

Le terme génitrice s’impose naturellement dans les débats bioéthiques, juridiques ou médicaux, là où la précision est indispensable. Pour la procréation médicalement assistée (PMA), la gestation pour autrui (GPA), ou encore dans les dossiers de filiation et de don de gamètes, il permet de distinguer clairement la mère biologique de la mère sociale ou légale. Dans ces cadres, « génitrice » évite la confusion et désigne sans ambiguïté la femme ayant donné naissance à l’enfant, sans égard pour son rôle parental futur.

Dans le droit français, le mot apparaît à l’intersection des textes relatifs à l’adoption ou à la coparentalité. Prenons l’exemple d’un enfant né grâce à un don de sperme : il aura une génitrice (sa mère biologique) et, selon les situations, une mère sociale distincte. Les débats parlementaires qui accompagnent la révision des lois bioéthiques mettent souvent cette distinction en avant, en particulier lorsque l’on aborde les réalités des familles recomposées ou des couples de femmes.

En revanche, mieux vaut réserver « génitrice » aux contextes où la précision scientifique ou juridique est recherchée. Sa tonalité technique peut surprendre, voire choquer, dans un cadre familial ou affectif, où le mot « mère » porte une dimension symbolique et émotionnelle irremplaçable. Dans la vie de tous les jours, c’est « mère » qui s’impose, tant la tendresse du terme contraste avec la froideur clinique de « génitrice ». Ce choix de vocabulaire façonne la relation à l’enfant, bien au-delà de la seule parenté biologique.

Voici quelques situations où le mot trouve sa place, et d’autres où il vaut mieux l’éviter :

  • À privilégier : dans les discussions juridiques, en médecine reproductive, lors de l’examen des dossiers d’adoption ou de filiation.
  • À laisser de côté : dans la sphère privée, les échanges familiaux, l’éducation ou toute situation où la dimension humaine prime sur la biologie.

Au bout du compte, la langue tisse sa toile, oscillant entre règles et usages, entre science et émotion. Reste à chacun de choisir ses mots selon le contexte, et de mesurer ce qu’ils révèlent, ou taisent, sur la manière dont on pense la parentalité.

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